Transformer un ancien cinéma en école de cirque: toute une aventure!
Nous sommes tous déjà passés devant le 6956 Saint-Denis, au coin de la rue Bélanger : un ancien cinéma presque centenaire hébergeant un centre chrétien à la marquise ostentatoire. Mais depuis quelques mois, loin des regards, un nouveau locataire pour le moins singulier s’y est installé, animé par une toute autre vocation. À son image, la reconversion des lieux est spectaculaire, voire rocambolesque. En voici le résumé…
Conçu par le même architecte que le cinéma Outremont - René Charbonneau - le ciné théâtre Le Château a été construit en 1931. Période de grande dépression et époque à laquelle, en lieu et place du marché Jean-Talon, se trouvait un important terrain de crosse. Classé désormais monument historique, cet édifice de style art déco est l’un des rares du genre au Québec et s’avère d’autant plus singulier qu’il combine logements, commerces et salle de spectacle. En prime, il est parmi les mieux conservés de la province.
À l’intérieur du théâtre, dans les années qui suivent sa construction, on présente des vaudevilles et des projections cinématographiques dans une grande salle de 1300 places au décor fastueux inspiré de l’art précolombien. C’est à Emmanuel Briffa que l’on doit cette décoration intérieure, de même que celle du Rialto, du théâtre Rivoli, juste en face, et d’une centaine de salles à travers l’Amérique.
Alors que l’endroit a perdu de son lustre original et périclite, le Centre Chrétien métropolitain s’en porte acquéreur, le restaure et en fait un lieu de culte ainsi que son quartier général. Les nouveaux propriétaires utilisent essentiellement la salle principale et les logements à l’étage. Mais ce que peu de gens savent, c’est qu’il existe une seconde salle à l’étage, plus petite mais très similaire, qui jusqu’ici n’était pas utilisée et n’avait jamais été rénovée
À la recherche d’un nouveau local pour installer son école de trapèze “Trapezium”, Karin Arseneault cherchait justement une ancienne église à rénover. C’est par le plus grand hasard - et la magie de Google - qu’elle tombe sur cette salle méconnue, voire oubliée, situé à deux pas d’ici et en mal d’amour que le Centre Chrétien cherchait à louer.
Ultra dynamique, Karin aime la prise de risque calculée, qu’il s’agisse de son art, le trapèze, ou de ses affaires. Utilisant son enthousiasme contagieux, elle parvient - non sans mal et après plusieurs mois de discussion - à convaincre les propriétaires des lieux de la pertinence et surtout de la faisabilité technique de son ambitieux projet
En plus des gros travaux réalisés avec des échafaudages, dont les pièces ont été montées une par une dans la salle et ajustées au millimètre près, il a fallu tout rafraîchir dans le respect du design d’origine : les moulures du plafond, les luminaires, les sièges. Bref, un travail de moine! “Les 260 sièges ont été complètement refaits: on a mis deux couches à l’huile sur chacun et les coussins ont été rembourrés par un professionnel. On a du enlever une à une les vieilles gommes accumulées sous les sièges. Si on en oublie, la gomme fond sur le pinceau et il faut refaire la job. On se croyait vraiment dans la maison des fous d’Astérix!
Au moment où Karin commençait à sérieusement désespérer, une aide providentielle arrive. “Mon ami Jason, qui travaille dans la construction en plus d’être un acrobate multidisciplinaire, a quitté son emploi pour venir m’aider à temps plein. Sans lui, on n’y serait jamais arrivé.
Karin : “On a mené les travaux en un temps record. C’est qu’on avait un deadline, il fallait que la salle soit prête pour une activité corporative organisée avec un groupe de Toronto. Pour y arriver, il a fallu travailler sept jours sur sept et dormir sur place”.
Après avoir tenu pendant des semaines cette cadence effrénée, tout était prêt pour accueillir le fameux groupe. « On s’est senti exactement comme dans les émissions de déco: tu visses la dernières vis, tu passes le balais, t’as l’air relax mais tu l’es pas du tout! ». Dès lors, après le cirque du chantier, on pouvait enfin faire place au vrai cirque!
C’est Jason qui enseigne le parkour et le mât chinois (une des disciplines les les plus difficiles dans le domaine des arts du cirque; soyez prévenus!). Dans le cas du parkour cela se passe à l’intérieur, en toute sécurité, sur des matelas et des modules, et non sur le béton urbain!
En fonction de nos préférences, on peut s’inscrire aux activités à la pièce, ou sous forme de passeport. De même, il y a des formules de groupe pour les fêtes d’enfants.
Après tant d’efforts, Karin et ses acolytes méritent que vous passiez admirer leurs prouesses. À elle seule, la salle – si bien restaurée - vaut le détour, et c’est sans compter ses hôtes charmants et passionnés.
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